Dossier Pédagogique

Dossier Pédagogique :
Le dossier pédagogique accompagne l’ebook. Il est destiné aux enseignants, aux formateurs, aux animateurs culturels et aux orthophonistes. Il vise à faciliter la conception d’ateliers de découverte des livres numériques du projet Bibliodos.

Table des Matières

Introduction

Jean de La Fontaine est un auteur majeur de la littérature française dont il est considéré comme un des plus grands poètes. Nombre de ses fables sont extrêmement connues dans le monde francophone.

Il est plus largement une figure marquante du patrimoine européen. Défenseur des Anciens dans la controverse des Anciens et des Modernes, La Fontaine puise en effet son inspiration dans des sources variées parmi lesquelles des poètes grecs et latins. L’incroyable renouvellement qu’il a imprimé au genre de la Fable devenue avec lui un genre littéraire de plein droit, son intérêt lucide pour la nature humaine, ainsi que la liberté de son ton, lui ont assuré une postérité jamais démentie.

Ses successeurs se retrouvent en France, mais aussi en Europe.

Les Fables de La Fontaine, courtes et relativement simples dans leur écriture comme le veut le genre, mais poétiques, critiques et ironiques, constituent des textes particulièrement intéressants à faire découvrir à un public adulte qui entre dans la lecture.

« La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf  » en est un très bel exemple. Le thème qu’elle aborde est universel et dépasse les frontières temporelles et territoriales. Moraliste et non pas moralisateur, La Fontaine donne à réfléchir sur la nature humaine sans donner de leçon. L’adaptation de cette fable parlera aux lectrices et lecteurs de tous horizons.

L’auteur : Jean de La Fontaine

Jean de La Fontaine est un illustre poète français (Château-Thierry 1621 – Paris 1695). Sa famille fait partie de la bonne bourgeoisie provinciale.

C’est relativement tardivement qu’il décide de se consacrer à l’écriture. Il commence par prendre la suite de son père et exercer la charge de maître des Eaux et Forêts à Château-Thierry.

Son premier texte, « L’Eunuque » (1654) passe totalement inaperçu.

Sans fortune, il écrira et vivra, comme de nombreux gens de lettres, sous la protection d’un grand (Fouquet, Mme de La Sablière…).

À cause de sa fidélité à Fouquet, arrêté par le Roi, La Fontaine est écarté des honneurs, son œuvre se développe en marge de l’organisation officielle du monde littéraire. 

En 1664-1665, ses «Contes », le rendent célèbre, mais c’est en 1668, qu’il connait la gloire avec le premier recueil de ses « Fables ».

Pendant ses années de succès, La Fontaine alterne entre des sujets très profanes dans ses contes libertins et des sujets sacrés dans ses récits de la vie des saints.

De 1673 à 1693, il devient l’hôte, à la fois secrétaire et ami personnel, de Madame de La Sablière. Dans son salon, on échange des idées nouvelles qui annoncent le siècle des Lumières. Ces vingt années sont une période de grand enrichissement intellectuel pour La Fontaine.

En 1674, son recueil, les « Nouveaux Contes » sont interdits par la censure, toutefois, la publication du deuxième recueil des « Fables » (1678-1679) est un nouveau succès.

En 1684, La Fontaine est enfin élu à l’Académie française.

En 1693, il publie le Livre XII des « Fables ».

À la fin de sa vie, malade, La Fontaine, renonce à sa vie épicurienne et à ses écrits anticléricaux.

L’œuvre : La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf

Le genre

La fable en vers ou en prose, est un court récit visant à donner une leçon de vie de façon plaisante. C’est en général, un récit fictif de composition naïve et allégorique qui met en scène des animaux qui parlent, des êtres humains ou d’autres entités à l’aspect animal mais personnifiées.

Son origine est d’abord à chercher dans la tradition orale. Il est généralement considéré qu’elle devient genre littéraire avec le poète grec Esope (620 – 524 avant JC). La Fontaine renouvelle le genre par son style et sa liberté d’inspiration.

La dimension européenne de l’œuvre (inspiration, courant littéraire, postérité)

Les sources d’inspiration pour ses Fables sont multiples : textes antiques à valeur morale, contes et fables de la tradition indienne, textes français de la Renaissance.

La Fontaine, imite ce genre très ancien et traditionnel d’une manière tout à fait personnelle : en moraliste ironique et lucide, en conteur qui transcende l’apologue classique par son charme et son originalité.

L’innovation et la grande originalité apportées au genre marque en France et à l’étranger. Les « Fables » sont illustrées, transposées, et adaptées en musique.

« La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf » est inspirée d’Ésope, d’Horace et de Phèdre. Elle reprend le même thème avec les mêmes protagonistes et suit le schéma classique de la fable. La Fontaine y narre une anecdote constituée d’une situation initiale, de péripéties et d’un dénouement. Cependant, La Fontaine innove et la modernise en y introduisant la versification, le discours direct et en développant la morale. Il y critique la vanité et l’orgueil humain tout en y ajoutant un parallèle avec la société dans laquelle il vit. La fable est en effet rendue vivante par le présent de narration, et rythmée par l’échange entre les deux grenouilles et l’alternance entre des octosyllabes, vers courts, et des alexandrins, vers longs. La fable instruit à travers sa morale, tout en divertissant grâce à l’histoire plaisante qui s’achève de manière comique et inattendue par l’éclatement de la Grenouille.

Les grandes questions/problématiques de l’époque abordée

Dans un contexte de censure royale renforcée, La Fontaine exprime dans ses Fables à la fois l’attrait d’une société pastorale idéalisée et la critique de la société. Il y peint notamment la vie de cour, y traite de la montée des pouvoirs de l’État et de l’argent. On peut y lire également une opposition discrète mais ferme à la politique de conquêtes et de gloire militaire.

Les Fables abordent aussi le thème de la nature humaine et proposent un art de vivre. L’homme sous son déguisement animal est doté d’une nature contre laquelle il ne peut rien. La sagesse consiste à s’en accommoder.

« La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf », fable présentée dans l’ebook, fait partie du premier recueil des Fables. C’est un apologue contre la vanité humaine, une satire des bourgeois et des nobles qui veulent toujours plus que ce qu’ils ont déjà, mais cette morale peut être généralisée à tous : « Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages » écrit La Fontaine.

L’ebook : La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf

La galerie de personnages

  • La Grenouille
  • Une seconde grenouille, témoin de sa transformation, qu’elle appelle sa sœur.
  • Le bœuf qui ne voit rien de ce qui se passe

Les lieux

La fable se déroule en un lieu unique qui n’est pas nommé, ni décrit. C’est sans aucun doute dans la nature, dans un endroit où grenouilles et bœufs vivent côte à côte.

L’iconographie dans l’ebook

La fable en général par ses actions simples et ses personnages très typés se prête bien à l’illustration. Dès l’apparition de l’imprimerie, les recueils de fables sont accompagnés d’illustrations.

Depuis leur parution, les Fables de La Fontaine ont été largement illustrées : François Chauveau, Jean-Baptiste Oudry, Charles Monnet, Tony Johannot, Jean-Jacques Grandville, Gustave Doré, Benjamin Rabier, Marc Chagall, Marguerite Calvet-Rogniat.

Dans cet ebook, on retrouve l’illustration qu’en ont fait Grandville et Gustave Doré.

On retrouve aussi d’autres œuvres de Grandville illustrant le recueil d’articles, de nouvelles et de contes satiriques de « Scènes de la vie privée et publique des animaux » paru en livre illustré de 1841 à 1842. Ces textes et leurs illustrations ont comme point commun avec les « fables » la personnification d’animaux et la critique de la société.

Les autres œuvres iconographiques sont d’origines variées :

  • Les grenouilles sont tirées d’une toile de Jemina Blackburn, datant de 1838, et d’une étude de grenouilles de Jacob de Gheyn (1565-1625).
  • Les toiles représentant des bœufs sont de Jacques Raymond Brascassat (1804-1867).

La conception de l’atelier

PHASE 1 : L’ENTRÉE DANS L’EBOOK : UNIVERS, ATMOSPHÈRE ET HYPOTHÈSES

Activité : Le grand spectacle des animaux

Activité d’entrée dans l’univers de l’ebook

Matériel nécessaire pour l’activité
  • Des photos d’animaux 
  • Des photos/images de paysages naturels et d’éléments météorologiques
  • L’image d’un symbole de caractère positif (+) et l’image d’un symbole de caractère négatif (-)
  • Des étiquettes-mots de traits de caractère (pour la variante)
  • Du scotch, de la pâte repositionnable ou des punaises
Déroulé

Avant la séance :

  • Sélectionner des enregistrements de la nature comprenant des bruits et cris d’animaux. Choisir des extraits à partir desquels il est possible de faire des hypothèses sur les animaux et les bruits de la nature perçus. Exemple : les enregistrements de Bernie Krauze : Great animal Orchestra, Amazone Nights…
  • Se renseigner sur les fables, légendes, ou contes fondateurs des pays d’origine des participantes et participants et sur les animaux traditionnellement personnifiés et les traits de caractère qui leur sont attribués.
  • Préparer des étiquettes-mots des traits de caractère – qualités et défauts – les plus souvent associés à ces animaux. Ne pas en préparer trop, ajuster en fonction du niveau du groupe et du nombre de nationalités.
  • Sélectionner des photos d’animaux : la grenouille et le bœuf, mais aussi des animaux entendus dans l’enregistrement, des animaux existant dans le pays d’accueil, des animaux connus des participants et personnifiés dans des fables, des contes, des mythes et légendes de leurs pays. Préparer autant de jeux qu’il y aura de sous-groupes.
  • Préparer des photos/images de paysages naturels (montagne, mer, rivière, forêt, étang, champ…) et d’éléments météorologiques (le vent, la pluie, le soleil, l’orage …). Préparer autant de jeux qu’il y aura de sous-groupes.
  • Choisir un symbole pour représenter le positif et un symbole pour représenter le négatif (un grand + / un grand -, un pouce levé / un pouce baissé …). Préparer autant de jeux qu’il y aura de sous-groupes.

En atelier

  • Diviser le groupe en sous-groupes, puis inviter les participantes et participants à fermer les yeux et à se mettre en position d’écoute. Les prévenir qu’ils discuteront ensuite de ce qu’ils ont entendu. Faire écouter les enregistrements de la nature. Pendant ce temps, distribuer les jeux de photos d’animaux, de paysages naturels et de paysages météorologiques.
  • Proposer aux participantes et participants d’échanger en sous-groupes sur ce qu’ils ont entendu. Selon leur niveau à l’oral, ils montreront les photos et les images ou/et parleront.
  • Inviter les différents groupes à partager leurs idées. C’est l’occasion de vérifier que le vocabulaire est bien utilisé et que les participants essaient de s’exprimer par des phrases (très simples ou complexes selon les niveaux à l’oral).
  • Expliquer ensuite que tout le monde va se concentrer sur les animaux. Demander si dans leur(s) pays d’origine et si dans leurs histoires traditionnelles (fables, contes, légendes), ces animaux ont une image plutôt positive ou négative. Pour faciliter la compréhension, donner des exemples du pays d’accueil, mimer, illustrer, et donner une image d’un symbole du positif et du négatif.
  • Encourager les personnes peu communicantes à faire des phrases très simples ; les personnes plus avancées à l’oral à expliquer, justifier leur propos par des anecdotes ou des traits de caractère.
  • Inviter les sous-groupes à comparer les représentations selon les pays. S’attacher sans le montrer à voir comment sont perçus la grenouille et le bœuf. Selon ses moyens linguistiques, chaque participant ou participante, pourra développer comme il le peut/veut son explication, et sera aidé si nécessaire par le formateur ou la formatrice.
  • Demander quelles sont les histoires de leur(s) pays d’origine où l’on retrouve ces animaux.
  • Accrocher les classements sur le mur/espace de la salle dédié à la découverte de cet ebook.
Variante

Pour un groupe avancé à l’oral (à partir du A2), aller plus loin en demandant au groupe d’associer des qualités et/ou des défauts (sous forme d’adjectifs) aux animaux. Si le groupe comprend des petits lecteurs ou lectrices, leur faire chercher les traits de caractères parmi des étiquettes-mots. Leur proposer ensuite de présenter leurs échanges de groupes en utilisant : « dans mon pays, on dit : adjectif comme un + animal », par exemple : « En France, on dit : rusé comme un renard ».

PHASE 2 : LA PLONGÉE DANS L’EBOOK

Activité 1 : Jouons ! 

Activité de préparation à la compréhension globale

Matériel nécessaire pour l’activité
  • Des cartes « animaux »
  • Des feuilles blanches
  • Des crayons et stylos
  • Un sablier ou un chronomètre, ou la fonction chronomètre du téléphone
  • Du scotch ou de la pâte repositionnable  
Déroulé

Avant la séance :

  • Préparer des devinettes adaptées au niveau du groupe et reprenant des éléments donnés lors de l’activité précédente.
  • Préparer les cartes pour le jeu : mettre sur la même face une photo de l’animal et son nom écrit dans une police et une taille adaptée. Ajouter aux animaux de l’activité précédente, d’autres animaux (à choisir en fonction du groupe).

En atelier

Cette première activité est proposée avant lecture.

  • Proposer à l’oral des devinettes sur des animaux nommés dans l’activité précédente et donc relativement bien identifiés. Le niveau de difficulté dépend du niveau du groupe à l’oral. Ainsi, pour des personnes peu communicantes, proposer des devinettes très simples incluant des éléments physiques et des choses dites lors de l’activité précédente. Inclure la grenouille et le bœuf.
  • Proposer aux participantes et participants qui le souhaitent d’essayer à leur tour de faire des devinettes. Rappeler les tournures de phrases qui peuvent être utilisées, avant de relancer le jeu.
  • Proposer un second round de jeu autour du mime. Faites des équipes ; demander à chacune d’entre elles de se trouver un nom et un cri ou un geste. Présenter les cartes d’animaux à piocher. Expliquer les règles : faire deviner grâce au mime un maximum d’animaux en un temps limité. Fixer le temps (45s à 1m30 pour faire deviner un maximum d’animaux) et l’attribution des points en fonction du groupe.
  • Proposer un dernier round de jeu autour du dessin. Expliquer les règles : faire deviner par le dessin un maximum d’animaux en un temps limité. Il s’agit des mêmes cartes de jeu.
  • À la fin de ces deux rounds, compter les points et désigner l’équipe victorieuse.
  • Proposer d’afficher les dessins sur le mur/l’espace de la salle dédié à cet ebook.

Remarques : prendre des photos du jeu et des prestations des participantes et participants. Celles-ci pourront venir alimenter le mur/l’espace de la salle dédié à cet ebook.

Activité 2 : Au départ, il était  …

Activité de compréhension globale

Matériel nécessaire pour l’activité
  • Des feuilles A3
  • Des feutres, stylos de différentes couleurs
  • L’image imprimée de la grenouille (slide 6)
  • L’image imprimée du bœuf (slide 9)
Déroulé

En atelier

Cette deuxième activité est réalisée après une première lecture individuelle partielle. Pour le 1er niveau de lecture, il s’agit en fait d’une lecture d’images et d’éventuels éléments-clés. On parlera quand même de lecture. 

Expliquer qu’il ne s’agit pas de tout lire, ni de tout comprendre à la 1ère lecture mais de découvrir le début de l’ebook tout en menant une première enquête.

  • Demander aux participantes et participants de lire jusqu’à la slide n°13. Si c’est possible, vidéo-projeter la slide pour la leur montrer. Leur donner les éléments à chercher : où est-ce ? Qui sont les personnages ? Comment sont-ils ? Que se passe-t-il ?
  • Inviter chacun et chacune à lire le début de l’histoire puis à réfléchir individuellement, avant d’échanger en sous-groupe les résultats de son enquête.  Remarque : Garder en tête que les groupes lisant les niveaux 1 et 2 de lecture n’ont pas tout le vocabulaire. Ils doivent faire plus d’hypothèses que les groupes ayant accès au niveau 3 qui, de leur côté, auront peut-être davantage besoin d’explications de mots. Veillez cependant à ne pas donner toutes les explications, afin de leur laisser le temps de comprendre.
  • Après la mise en commun des réflexions, lancer une nouvelle lecture (accompagnée d’une ou deux écoutes pour les niveaux 1 et 2 de lecture) pour trouver tous les mots utilisés pour parler du bœuf et de la grenouille.

Orienter la mise en commun sur la comparaison entre l’un et l’autre et demander ce que veut la grenouille : être grosse comme le bœuf.

Amener le groupe vers la compréhension des éléments plus difficiles : « Jalouse », « Envieuse » et « Sotte ».

Proposer de chercher des synonymes. Guider notamment vers l’association « Sotte-stupide », pour faciliter plus tard la compréhension de la slide n°28 (« Stupidité ! folie, oui ! »).

Pendant l’échange, noter sous forme de schéma les éléments de description correspondants à chaque protagoniste, puis illustrer ce que veut la grenouille (par exemple par une flèche allant de la grenouille au bœuf).

Activité 3 : Péripéties 

Activité de compréhension fine

Matériel nécessaire pour l’activité
  • Des feuilles A3
  • Des feutres, stylos de différentes couleurs
  • Les classements +/- des animaux, effectués pendant l’activité de la phase 1
Déroulé

En atelier

  • Avant de continuer la lecture, proposer aux sous-groupes d’imaginer la suite. Préciser qu’ils peuvent utiliser le dessin.
  • Proposer une mise en commun des idées et des dessins. Encourager les participantes et les participants à donner leur avis sur les différentes idées. Leur donner des formules et du vocabulaire : « c’est impossible », « c’est drôle », « c’est triste », « c’est bizarre », « c’est beau » …
  • Lancer la lecture : demander aux participantes et participants de lire la suite jusqu’à la slide n°26. Cette lecture est proposée, dans un premier temps, sans l’audio pour les niveaux 1 et 2 de lecture. Remarque : pendant la lecture, observer la réaction des participantes et participants afin de s’y référer ultérieurement.
  • Laisser la parole se déployer librement pour entendre les réactions. Si les participantes et participants ont du mal à échanger, interroger sur ce qui s’est passé.
  • Lancer une seconde lecture (accompagnée d’une ou deux écoutes pour les niveaux 1 et 2 de lecture), pour vérifier comment la grenouille a explosé et à qui elle s’adresse.
  • A l’issue de la mise en commun, faire un nouveau point sur le lieu et les personnages : La grenouille, n’est pas nécessairement à côté du bœuf. Elle est parmi ses congénères. Elle voit un peu plus loin un bœuf et, décidée à devenir aussi imposante que lui, elle commence à se gonfler. Elle prend à témoin une autre grenouille.
  • Pour vivifier la lecture, proposer aux participantes et participants de lire – ou de répéter pour les non ou petits lecteurs – le dialogue entre les deux grenouilles. Donner des indications sur le ton, la manière et encourager le groupe à en donner. Guider ainsi le groupe vers le jeu. Proposer éventuellement de jouer la scène entre les deux grenouilles. Réfléchir en groupe à la manière de jouer la grenouille s’enflant progressivement, puis éclatant.
  • Revenir enfin sur l’histoire jusqu’à cet événement. Pour les 3 niveaux de lecture, la faire lire et réécouter depuis le début. Discuter des nouveaux qualificatifs attribués à la grenouille : « confiante », « sûre d’elle » et « prétentieuse ».
  • Faire remarquer que rien n’est dit sur le bœuf. Demander aux participantes et participants leur opinion sur les deux animaux. S’ils disent que la grenouille est folle, relever afin de faciliter plus tard la compréhension de la slide n°28 (« Stupidité ! folie, oui ! »).
  • Montrer l’espace de la classe où ont été accrochés les classements d’animaux lors de la phase 1. Comparer avec ce qui avait été dit alors de la grenouille et du bœuf.
  • Demander aux participantes et participants ce qu’ils pensent de cette histoire et comment ils la comprennent. Remarque : ne pas aller plus loin, ni leur donner d’explication. La morale reste à découvrir. Faciliter simplement la discussion.

Activity 4 : L’art de la caricature

Activité de compréhension fine

Matériel nécessaire pour l’activité

Aucun

Déroulé

En atelier

  • Projeter l’illustration de la fable par Grandville (slide 26). Laisser réagir et discuter librement. Puis demander si la grenouille les fait penser à des gens, et à qui. Demander ensuite pourquoi. Remarque : Accepter toutes les réponses, la prétentieuse grenouille peut faire penser à beaucoup de personnes et de situations, c’est là justement la modernité de la fable. Les participantes et participants évoqueront peut-être des personnes précises mais aussi des statuts, des métiers, des postes honorifiques… et donneront différents types de raisons.
  • Les interroger sur les animaux qu’ils choisiraient pour représenter ces personnes, les caricaturer.
  • Lancer la lecture jusqu’à la fin de l’ebook pour chercher d’autres « grenouilles », à savoir d’autres personnages envieux comme elle. La poursuite de la lecture est proposée dans un premier temps sans l’audio pour les niveaux 1 et 2 de lecture. 
  • Faire la mise en commun.
  • Proposer une relecture de cette partie de l’ebook (accompagnée d’une ou deux écoutes pour les niveaux 1 et 2 de lecture) pour trouver qui sont ces personnages et les décrire (physique, vêtements, attitude, activité).
  • Lancer la mise en commun en grand groupe, et guider le groupe vers la formulation de ce que recherchent ces personnes, vers le lien entre « gros » et « important » et vers ce que ces qualificatifs sous-entendent (le pouvoir, l’argent, les biens, la « santé », le sentiment de supériorité de classe…).
  • Enfin, demander aux participantes et participants si – selon la fable – c’est raisonnable, pour les aider à comprendre « vanité », « stupidité », « folie » ; puis, ce qu’ils en pensent, eux.
  • Si cette dernière partie est relativement bien comprise, aller un peu plus loin et demander aux participantes et participants si la critique leur paraît très sévère.

Il s’agit ici de faire entrevoir la différence entre la posture du moralisateur qui dit comment agir en jugeant, et celle du moraliste qui apporte simplement un éclairage moral à une situation. La Fontaine n’est pas un moralisateur mais il rend manifeste certains traits de la nature humaine.

Pour aller plus loin avec la linguistique 

Aborder avec le groupe la description et le rôle de l’adjectif qualificatif. Selon les langues et les niveaux, il sera intéressant d’étudier sa place dans la phrase, l’accord en genre et/ou en nombre ou d’autres aspects clés.

Le temps de la fable (présent de l’indicatif) est un autre aspect intéressant à travailler du point de vue de sa formation et de ses valeurs. Ici, il sert à rendre vivante, et donc plus plaisante, l’anecdote, mais aussi à donner une valeur de vérité générale à la morale.

PHASE 3 : L’ÉTAPE CRÉATIVE

Activité : Nous, illustratrices et illustrateurs 

Activité d’appropriation de l’expérience de lecture

Matériel nécessaire pour l’activité
  • Les illustrations de la fable de La Fontaine adaptée dans l’ebook 
  • Des illustrations d’autres fables de La Fontaine
  • Des feuilles A3
  • Des feutres, stylos de différentes couleurs
  • Des ciseaux
  • De la colle
  • Du scotch, de la pâte repositionnable ou des punaises
  • Un smartphone avec la fonction enregistreur vocal (variante)
Déroulé

Avant la séance :

  • Chercher et imprimer diverses illustrations de la fable de Jean de La fontaine. En préparer autant de jeux qu’il y a de sous-groupes (cf section : L’iconographie dans l’ebook).
  • Chercher et imprimer ou préparer quelques illustrations d’autres fables de La Fontaine par les mêmes illustrateurs.

En atelier :

  • Faire découvrir un ensemble d’illustrations de la fable  » La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf « , réalisées au cours des siècles.
  • Proposer aux sous-groupes de les observer et de les comparer. Certaines pourront éventuellement être associées, comme par exemple les illustrations humoristiques. Faire remarquer la particularité de l’illustration de Grandville qui contextualise la fable.
  • Proposer ensuite des illustrations d’autres fables de La Fontaine pour faire reconnaitre les styles et les illustrateurs.
  • Interroger sur ce qu’apporte et ce que permet l’illustration. Pour aider, rappeler la représentation de l’importance sociale.
  • Proposer enfin, aux participante et participants de réaliser leur illustration de la fable. Leur indiquer qu’ils peuvent illustrer littéralement la fable, ou s’autoriser la liberté de la contextualiser pour lui donner un tour social, politique… dans le respect de toutes et tous. Si certains participants et participantes trouvent cela plus intéressant, encourager l’adaptation culturelle de la fable par le choix d’autres animaux, un autre lieu, et d’autres représentations de l’importance sociale.

Ces illustrations pourront être l’objet d’une exposition dans l’établissement proposant l’atelier.

Variante

Cette dernière activité peut aussi être l’occasion de renouer avec la tradition orale de la fable et d’offrir au groupe un temps d’écoute, d’imprégnation et de mémorisation de la fable.

Les participantes et participants ont pour défi d’apprendre la fable pour la réciter avec le ton, racontant une anecdote vivante et édifiante puis proposant un enseignement sur la nature humaine. Une fois prêts, ils sont enregistrés.

Ces enregistrements pourront être partagés, accompagner un projet sur la fable ou La Fontaine, servir de support d’apprentissage à d’autres groupes …

La même chose peut être proposée dans les langues maternelles des participantes et participants. Le défi à relever est alors : une traduction de la fable à plusieurs locuteurs et locutrices d’une même langue, l’entrainement à la récitation du texte traduit puis à la mémorisation, et l’enregistrement.